poetry, translation of Knjiga reči
Edition Circé
Belval, 2017
translation by Guillaume Metayer and Mathias Rambaud
READING EXCERPT
A
A est mort. Et n’est pas mort. Tout comme son père,
A, tout comme son grand-père : sombré dans le cimetière du village.
A sombré, et n’a pas sombré. Dans la boue, s’en est allé.
Dans la boue et les pierres muettes de la boue.
Là, il se tait à présent. Oublie. Efface. Là, il est, et n’est pas.
Parce qu’il n’a pas de lieu. Il est sans commencement ni fin. AAA.
Quelqu’un est mort. Personne. Son nom –
Oublié. Et le nom de son père, de son grand-père.
Or, parfois les choses murmurent. Parfois, qui s’est couché
Se relève, et continue sa mort, qui veillait sur les morts.
Parfois AAA, la terreur insupportable de l’espace cherchant sa voix.
Parfois AAA, le chagrin monotone de la pluie sur les chemins.
AAA clapote, quand il cahote hors de la mer.
AAA, le soupir du quartz dans les montres.
Seule certitude – A est mort.
Qui croit parfois l’entendre doit prêter l’autre oreille ;
Qui ne l’entend pas, longtemps l’écoutera en vain.